Bio Française

PORTRAIT et BIOGRAPHIE
Né le 29 avril 1959, Christophe Mourthé débute comme photographe de théâtre et de music-hall à l’âge de 19 ans. Il trouve son inspiration chez Zeffirelli, Peter Stein, Giorgio Strehler, Dario Fo, Peter Brook, Frederico Fellini qu’il rencontre et photographie lors de voyages en Europe.
À ceux qui lui demandent aujourd’hui quels sont ses « maîtres », il préfère citer ces noms-là, plutôt qu’un Newton ou un Doisneau. Christophe Mourthé est un visionnaire qui perçoit bien vite que les tendances de la société sont en pleine mutation au début des années 80. Il devient rapidement un précurseur de l’école des ‘fétichistes’, absorbée plus tard par la publicité. Le fétichisme de Christophe Mourthé devient un style à part entière, annonciateur d’une tendance de la mode dont s’emparera plus tard la haute couture. Ses photos sont enracinées tout à la fois dans la période tumultueuse des libertés des années 70 et dans la période du « safe sex » qui allait donner un coup de frein à l’élan de cette décennie. De nouvelles manières de vivre l’amour voient le jour, et le fétichisme est l’une d’entre elles. Christophe Mourthé appartient aussi et surtout à la génération « Palace », tout comme Mugler, Gaultier, Chantal Thomass, Nina Hagen, Blondie, Ardisson, Paolo Calia, Pacadis, Kenzo, Houellebecq, Pierre et Gilles , Louboutin… dont Fabrice Emaer fut le père spirituel.
Christophe Mourthé considère à juste titre que cette période du Palace (1978 à 1983) lui a apporté un certain épanouissement, une autre vision de la vie, du sexe et de ses libertés. Cela lui a permis de d’apprendre et personnaliser sa propre vision de l’art. « Ceux qui ont vécu le Palace ont fait de leur vie une œuvre d’art ».
L’imagerie érotique de Christophe Mourthé en est l’un des résultats les plus spectaculaires.
L’industrie de la mode fait également appel à lui. Il collabore avec les plus grands magazines (Playboy, – à 22 ans, il est l’un des principaux photographes du magazine -, Penthouse, New Look, Lui, Vogue, Max…), pour lesquels il photographie les modèles les plus en vogue au rythme de ses images oniriques. Arrivent ensuite des commandes pour le monde de la publicité (Dim, Rosy…), les grandes agences de presse (Stills, Sipa, Sygma…) et les maisons de disques (pochettes, affiches…). Il crée une série de portraits qui frappent tant par leur authenticité ( Renaud, Higelin, Nougaro, Dick Annegarn, César, Hugues Aufray, Zeffirelli, Gassman ou Jean Marais entre autres ) que par la mise en scène au service de l’artiste (Arielle Dombasle en statue de la liberté, Jean-Marie Bigard en ‘Penseur’ de Rodin)
Sa première muse sera Mylène Farmer et il participe activement au look
de la chanteuse en influençant celle ci pour une nouvelle couleur de cheveux. Sous ses lumières de cinéma, elle deviendra une rousse plus que flamboyante.
Patricia Kass, Hélène Séguara, Sheila, Michelle Torr, Pétula Clark, Jean Manson, Victor Lazlo , Lio, Line Renaud, Zizi Jeanmaire , Madame Claude, Ute Lemper, et tant d’autres passeront devant son objectif.
C’est lui qui révélera Marlène en pin up de l’image sur papier glacé.
En France, il a découvert et fait exploser d’autres starlettes comme Julia Channel, Thallia, Clara Morgane, Mélanie Coste, Katsuni, LouLady mais c’est surtout en 1999, avec son travail sur Zdenka Novotna, venue de Prague avec que son art deviendra la référence de tous les modèles ou mannequins qui s’exposent sur Internet. Il a aussi activement travaillé pour l’éclosion et la notoriété de Dita Von Teese en Europe avec qui il est ami depuis 1998. Au même tître que Zdenka, Dita Von Teese sera très vite le complément parfait de Christophe Mourthé. Leurs images deviendront « cultissimes ». D’autres stars du web comme Aria Giovanni, Emily Marilyn ou Kyla Cole viendront chez Christophe Mourthé pour parfaire leur imagerie. Par la qualité de son œuvre, Christophe Mourthé a fait sortir le fétichisme de son ghetto du X à l’aube des années 1990, bien avant que la publicité ne s’en empare.
En 1993, une exposition est organisée à Paris et l’album « Phyléa », considéré comme le livre de l’année en Europe, se vendra à plus de 17 000 exemplaires. Il recrée en photos l’univers de la bande dessinée érotique. Le fétichisme devient accessible au grand public. On le montre et on l’exhibe. La presse est unanime. « Fetish Dream » est publié au Japon en 1994 sera rapidement un collector. La même année, Christophe Mourthé expose à Los Angeles et publie aussi « Marlène Love » en France.
En 1998, il publie un nouveau livre « Femmes Fatales » et un CD-ROM en 3D consacrés au milieu fétichiste en collaboration avec Boutique Minuit, le haut lieu de la scène fétichiste à Bruxelles. Toutes les stars du X font appel au photographe glamour qui fait ressortir de manière sublime et idéalisée leur moi le plus intime et leur donne une image qui les projette dans d’autres médias que ceux du ghetto X.
Julia Channel et Clara Morgane en particulier profiteront de son travail.
En 2001, Christophe Mourthé emprunte une autre voie et tourne une trilogie X produite par Colmax. À l’écran, son style reste tout aussi inimitable. La fusion de l’esthétisme et du ‘hard’ donne naissance à des œuvres uniques, caractérisées par ‘un style sophistiqué, élégant, parfois provocateur, mais toujours parsemé de classe et d’humour’. Le lancement de ‘Sex Me’ fait sensation. « Du sexe ‘véritable’, mais sans jamais gâcher l’univers caractéristique de l’auteur », écrit Dutilleul dans HotVidéo.
Suivront « Colorsex » et « Amazonesex », puis un Kamasutra très personnel aujourd’hui référence absolue d’une pratique érotique.
Son dernier film « Fetish de Luxe » sera la référence en matière et marquera et clôturera volontairement sa parenthèse X derrière la caméra.
Les Éditions de la Musardine publient « Scandal », avec des photos de tous les modèles qui ont inspiré l’artiste au cours des 20 dernières années.
En 2002, pour la première fois, une centaine d’œuvres photographiques de Christophe Mourthé sont mises en vente à l’hôtel Lutétia à Paris sous la direction de Maître Cornette de Saint Cyr, maître priseur et expert européen de premier plan en matière d’art contemporain.
Une apothéose et un moment inoubliable!
Un an plus tard, Canal+ confie à Christophe Mourthé la réalisation de trois longs-métrages. « Le château d’Aphrodite » avec Mélanie Coste, « Le duel d’Aphrodite » avec Katsumi et « Le mystère d’Aphrodite » avec Tiffany Hopkins, appuyés par la musique originale de Gérard Tellier, sont tournés dans les plus beaux châteaux de Bohème et créent avec le spectateur une relation intime, dénuée de toute vulgarité, qui interpelle le public, qu’il soit masculin ou féminin. Au sujet de ces trois films, Christophe Mourthé déclare: « En tournant les trois Aphrodite, j’ai tenté d’idéaliser l’image animée en la rendant pleine de glamour et de tendresse, indomptable et sensuelle, et j’espère avoir réussi. Ma plus grande déception serait qu’une femme soit désappointée de la manière dont je l’ai interprétée. Mon but a toujours été de représenter la femme de manière idéale, mais sans la rendre inaccessible. À mon sens, Aphrodite en est l’exemple le mieux réussi… »
En réalisant l’exposition rétrospective au Centre culturel de Knokke-Heist en Belgique, Christophe Mourthé succède à Newton, David Bailey et Sam Lévin.
L’ensemble de son œuvre y a été présenté avec succès dans des formats géants. Un catalogue prestigieux garde en mémoire cette exposition.
Depuis 2010, il réalise les couvertures des fameux S.A.S de Gérard de Villiers1. Depuis quelques années, son travail est présent dans les ventes d’art contemporain notamment par le biais de l’étude de Maitre Cornette de St Cyr.
Christophe Mourthé est représenté par la Galerie Momentum à Knokke en Belgique.

Le temps n’émousse jamais le talent, il l’enrichit d’une patine, d’un éclat, de références et, dans le pire des cas, d’un brin de poussière. Mais l’immortalité du talent procède de la force émotionnelle que l’artiste insuffle à sa création.
C’est le cas pour « Les Casanovas » de Christophe Mourthé. Venise, la ville endormie au bord de la lagune, le rêve qui s’éveille un matin de carnaval, les ruelles, les ponts, les tourelles qui cachent des amours interdites sorties de la nuit des temps, les doges magnifiques, les personnages oubliés dans les greniers de la mémoire. A travers ses photos émouvantes, Christophe Mourthé nous montre les plus belles pages photographiques de l’âme de Venise. Ses œuvres décrivent l’atmosphère d’une Venise en déclin, mais qui, en guise de provocation ultime, se pare de ses couleurs les plus sombres pour donner aux visages une infinie beauté, comme la silhouette du commandeur de « Santa Maria de la Salute » qui se détache dans le ciel. La promenade proposée par Les Casanovas du Palais des Doges aux arcades, au Café Florian et à la lagune de San Michele est romanesque, envoûtante, séduisante, mystérieuse et fascinante. Aucun autre artiste n’a évoqué dans son œuvre d’une manière aussi remarquable l’univers de Jean Jacques Casanova de Seingalt et n’a approché d’aussi près l’esprit de ce grand libertin du XVIIIe siècle. La visite des galeries de portraits est un enchantement. On devient Don Juan, Perfidie, Ordalie, flânant en cette après-midi libertine, une plume à la main comme dans « La Plume d’Eros », à la recherche d’une époque qui ne disparaîtra plus jamais, immortalisée pour nous par un photographe brillant. La musique, grande absente toujours excusée, est ici présente dans chaque photo. « Don Giovanni » de Mozart sans aucun doute… prenez le temps de vous laisser submerger par vos émotions ou d’éprouver une passion soudaine ou un sentiment de regret. Vous aurez l’impression de faire corps avec une œuvre puissante et inoubliable, ‘Les Casanovas’ de Christophe Mourthé.
Les célèbres ‘Casanovas’, personnages issus d’un XVIIIe siècle décadent et mis en image dans la pénombre des palais vénitiens, sont le fruit d’une collaboration avec le maquilleur et coiffeur de génie Denis Menendez en 1983, puis de Marc Lanfranchi à partir de 1994.
Ces « Casanovas » sont exposés dans le monde entier et reconnus comme des chefs-d’œuvre photographiques, dans un style audacieux.
« Les fétish » Un mélange nocturne de noir et de blanc, des émotions à la fois cachées et familières surgies de notre inconscient
Christophe Mourthé juge la photographie de nu trop « clean », pas assez vivante. Des courbes sublimes, du joli velours, la femme dans un bel écrin mais la femme, c’est bien autre chose, elle veut autre chose, elle vit autre chose… Quand les femmes viennent au studio, elles veulent en faire plus que ce qu’elles font chez elles. Elles dépassent leurs pudeurs, elles donnent ici ce qu’elles ne donnent pas ailleurs. Le fétichisme montre l’image de la femme qui pose et qui impose!
Christophe Mourthé ne considère pas la femme comme un objet. Ses photos ne seraient pas réalisables si ses modèles n’avaient pas de fantasmes et une confiance absolue en lui en arrivant sur le plateau. On n’oblige pas une femme à prendre une pose ou à avoir un certain regard si elle ne le veut pas. Christophe Mourthé aime la femme qui se prête volontairement à la vision onirique qu’il lui renvoie. Ses références et son inspiration sont celles des années 70/80, une époque caractérisée par le ‘trash’, le dérapage et une évolution de l’esthétisme, à savoir la disparition du classicisme en l’ayant vécu tout de même. Christophe Mourthé appartient à la génération de l’après Beatles ou Stone ,il est de celle des Who,des Sparks, Kiss, Police, Madness, B-52, Blondie qui, peu à peu, commencent à rompre avec toute forme de tradition. La fièvre du samedi soir, les sorties dans les boites gays et le Palace.
Ancien sportif de bon niveau, le ballon rond, il a vécu avec les vents de liberté venant du nord. La hollande et son football total , nouveaux vikings d’une génération libérée, porte drapeau des nouvelles libertés et du love and peace.A cette époque, l’esprit anarchiste des années soixante connaît une forte évolution et atteint finalement son paroxysme
dans les seventies. C’est la même chose pour la musique. Le rock et la liberté sexuelle totale signent une alliance. Les ZZ Top, ces types « moches » aux barbes sales, mettent en scène des filles sublimes dans leurs clips.
Le groupe Blondie avec la chanteuse Debby Harry et le groupe suédois Abba avec Frida et Agneta (encore le nord) symbolisent l’arrivée de nouvelles femmes libres. Le contraste est extraordinaire, comme une amplification de la décadence. Tout le monde a des épingles de nourrice dans le nez et les oreilles. C’est l’époque des piercings et des tatouages… C’est aussi l’époque où naissent de nouveaux courants musicaux (Earth, Wind & Fire, Nina Hagen, Grace Jones, Donna Summer, Cerrone) avec des tenues extravagantes, des fêtes nocturnes et les travestis, de L’Alcazar et du Paradis Latin de Jean-Marie Rivière.
Parlant de ses nuits au Palace, Christophe Mourthé dit :
« C’est curieux, mais on ne se voyait que la nuit . Nous avions une vie le jour et une vie la nuit. Le jour, je ne fréquentais jamais les gens que je voyais au Palace.
Je faisais des photos de spectacles de la vie nocturne: Paradis Latin, Crazy Horse… » Les femmes dominantes comme Nina Hagen, Grâce Jones et Debbie Harry sont omniprésentes dans l’imagerie de l’époque.
Ces nouvelles chanteuses ont damé le pion aux rockers vieillissants.
Madonna n’étant finalement que l’héritière d’une libération annoncée dès le milieu des années 70.
Elles n’étaient pas des femmes soumises, comme Stone qui l’était à Charden, Sheila à Ringo.
Ces nouvelles femmes vivent comme des mecs et Christophe Mourthé aime ces femmes volontaires qui prennent des risques et des décisions.
Christophe Mourthé formule ainsi sa vision de la photographie contemporaine: Pierre & Gilles aiment les femmes.
Ils en font des icônes uniques et irréelles. Ce qu’ils ont fait sur Nina Hagen, sur Madonna, sur Sylvie Vartan est sublime.
Newton a une vision germanique de la femme. Moi, je suis latin et j’ai une vision moins froide de cette femme. D’autres ont montré du fétichisme, mais avec des gens qui le pratiquaient. Pour moi, c’est du reportage. C’est un autre univers. Doris Kloster fait du fétichisme selon l’éducation qu’elle a reçue. Fille de grands avocats new-yorkais, elle travaille sous un pseudonyme. Elle a eu une éducation très rigide et pourtant, elle fait des clichés qui vont très loin… C’est sa soupape.
J’ai eu une éducation libre.
À treize ans, je menais tout Saint-Germain-en-Laye en boum. J’étais un leader. A16 ans, je suis parti à Amsterdam connaître d’autres émotions.
À 19 ans, j’allais au Palace, et j’y faisais les nuits, rentrant par le RER à l’aube.
J’étais maquillé à outrance sans parler des costumes et de l’inavouable. L’ayant vécu de plein fouet, je n’ai pas eu besoin de soupape d’expression. Je n’étais ni excessif, ni frustré. Les influences sont bien réelles dans mon esprit. Aujourd’hui, je fais des photos de nus, sans doute parce que j’ai été élevé par une tante qui se baladait en jupe ultra-courte un grand ceinturon et des cuissardes. Elle dessinait des nus et qui ressemblait plus à France Gall ou Sandie Shaw (elle vivait pieds nus à la maison ) qu’à la tante traditionnelle avec son chignon strict.
L’art graphique du fétichisme donne lieu à deux interprétations possibles: l’interprétation de surface, assouvir des frustrations et l’interprétation de fond, combler une passion, photographier la femme. »
« Les femmes viennent me voir pour transgresser leurs interdits,par fantasmes, par Amour,par envie de séduire leur public ou leurs proches.Elles ont confiance en moi, en ma façon de les photographier et de percevoir leurs secrets. Alors, je fais de mon mieux pour les servir et je crois qu’elles aiment cela… ».